Les masques / Crise COVID-19 : contexte, description et perspectives

[18/04/2020]

L’essentiel du contexte :

  • L’AFNOR a publié le 27 mars 2020 un référentiel Masques barrières : Guide d’exigences minimales, de méthodes d’essais, de confection et d’usage [SPEC S76-0011]
  • La Note interministérielle DGE/Travail/Santé du 29 mars 2020 a créé « deux nouvelles catégories d’équipements de travail exclusivement réservés à des usages non sanitaires » (assortie de son annexe pour les spécifications techniques de ces masques) ; les détails et FAQ sont à retrouver sur https://travail-emploi.gouv.fr/actualites/presse/communiques-de-presse/article/le-gouvernement-renforce-l-information-sur-les-differents-types-de-masques-de
  • La sortie du confinement est prévue le 11 mai, où « l’Etat devra permettre à chaque français de se procurer un masque », et où « pour les professions les plus exposées et pour certaines situations son usage pourra devenir systématique » ;
  • Le 1er Ministre E. Philippe a promis, lors de la séance des questions au Gouvernement à l’Assemblée nationale le 14 avril un « plan complet [de sortie et de reprise des activités] largement avant le 11 mai »
  • Le Ministère du travail a débuté le 27 mars la publication de fiches guides conseils par secteur professionnel ou métier (prêt d’une trentaine à ce jour) ; certains de ces documents ont déjà été mis à jour avec des évolutions liées au port du masque
  • Les connaissances sur le virus [SARS-COV-2] et la maladie COVID-19 évoluent

Comprendre les caractéristiques des différents masques

Nous présentons ici, de façon résumée, les grandes lignes des normes – spécifications des 3 types de masques principalement en jeu aujourd’hui :

Réf. Norme : NF EN 14683+AC Août 2019 Masques à usage médical — Exigences et méthodes d’essai
L’essentiel La norme s’intéresse « aux masques à usage médical, qui sont destinés à limiter la transmission d’agents infectieux des membres de l’équipe médicale aux patients lors d’actes chirurgicaux et d’autres actes médicaux ». Ces masques « peuvent également être portés par des patients et d’autres personnes pour réduire le risque de propagation des infections, notamment dans un contexte d’épidémie ou de pandémie ».

Dans le langage normatif, il ne s’agit pas d’un équipement de protection individuelle, mais d’un dispositif médical.

Les masques sont classés en deux types (I et II) selon un critère d’efficacité de filtration bactérienne (EFB).

Les catégories Type I : EFB ≥ 95%

Type II : EFB ≥ 98%

Une subdivision supplémentaire est faite pour le type II selon qu’il est ou non résistant aux projections(selon un test normé, avec une résistance à 16 kPa). La lettre « R » désigne la résistance aux projections : Type II R

Précisions sur les critères La méthode de détermination de l’EFB est définie par l’annexe B de la Norme

Elle met en œuvre un Nébuliseur diffusant des particules d’une taille moyenne de 3 μm (± 0,3).

Lors des essais, le masque est aplati, parfaitement jointé avec l’appareillage d’épreuve.

Les masques doivent aussi répondre à un critère de « respirabilité » (annexe C de la norme).

Autres informations La norme stipule que « Le masque à usage médical doit être fait de sorte à pouvoir être ajusté étroitement sur le nez, la bouche et le menton de la personne qui le porte et à permettre une parfaite étanchéité sur les côtés » (§5.1.2). Toutefois cette exigence de conception ne fait pas l’objet d’une épreuve.
Réf. Norme : NF EN 149+A1 Septembre 2009 Appareils de protection respiratoire Demi-masques filtrants contre les particules Exigences, essais, marquage
L’essentiel La norme spécifie les caractéristiques minimales à exiger de ces demi-masques.

Elle contient les règles d’essais pour assurer la conformité aux exigences.

La norme définit 3 catégories (FFP1, FFP2, FFP3) selon les caractéristiques :

  • d’une part de l’efficacité de filtration du matériau filtrant
  • d’autre part d’un Taux de fuite maximum vers l’intérieur (qui englobe à la fois les particules ayant traversé le matériau filtrant, et les fuites de bord du masque)

Acronyme FFP pour Filtering Face Piece.

Les catégories Avec P le taux de particule traversant le matériau filtrant

Et F le taux de Fuite vers l’intérieur

  • FFP1 : P< 20 %  et  F < 22%
  • FFP2 : P< 6 %    et  F < 8%
  • FFP3 : P< 1 %     et  F < 2%
Précisions sur les critères Le §7.9.1 détaille les nombres d’essais et écarts tolérés pour les résultats pour le critère F, et §7.9.2 pour P.

La Fuite est mesurée avec un aérosol de NaCl, dont la répartition granulométrique doit être comprise entre 0,02 μm et 2 μm de diamètre aérodynamique équivalent avec un diamètre moyen en masse de 0,6 µm ; le FFP est porté par un porteur (Le protocole est défini au §8.5 ; avec précisions pour le test de pénétration en EN 13274-7).

Les FFP doivent aussi répondre à un critère de résistance respiratoire maximum permise (§7.16).

Autres informations La norme prévoit le cas de FFP Réutilisable. Des critères supplémentaires sont précisés (dont des tests  P après lavage).

Le marquage est alors (exemple pour FFP2) : FFP2 R.

Les masques non ré-utilisables (usage limité à 1 journée) sont notés NR.

Le marquage est alors (exemple pour FFP1) : FFP1 NR

Réf : AFNOR SPEC S76-001 (27 mars 2020) Masques barrières : Guide d’exigences minimales, de méthodes d’essais, de confection et d’usage
L’essentiel Ce référentiel s’adresse aux fabrications en série, et à la fabrication artisanale.

Selon §5.1.7, la pénétration du masque barrière doit avoir une capacité de filtration de 70 %.

Le masque barrière est conçu pour être ré-utilisable.

Les catégories Ce document ne crée pas de catégorie : les catégories 1 et 2 sont instituées par la Note interministérielle du 29/03/20 (qui fait référence à ce Référentiel SPEC S76, et classe en catégorie 1 les masques avec une capacité de filtration de > 90 %).
Précisions sur les critères Selon §5.1.7 Le spectre des tailles de particules peut être étendu jusqu’à une limite de 3 µm (=> en pratique on peut considérer que le test se base sur du 3 µm)

Pour la fabrication en série, le test est au choix selon :

  • la norme EN 1374-7
  • le protocole d’essai de la direction générale pour l’armement(DGA) diffusé par lettre du 25 mars 2020

Il est réalisé après le nombre de lavage correspondant à la consigne de ré-utilisation du fabricant.

Autres informations L’Avant propos indique que le dispositif masque barrière est destiné au grand public (Ce sont les Notes et consignes ministérielles qui vont choisir d’utiliser ce référentiel pour des utilisations professionnelles).

L’annexe A contient une liste de matériaux recommandés (utile en particulier pour la fabrication artisanale)

Marquage : Masque barrière AFNOR SPEC S76-001:2020

Remarques et compléments :

Les « masques barrières » (« non sanitaires ») apparaissent assez proches en qualité des masques chirurgicaux, avec la coupure à 3 µm (et l’efficacité de filtration > 90% pour la catégorie 1).

D’autres éléments importants impactent l’efficacité de l’utilisation de ces masques (barrière ou chirurgicaux), comme le design pour l’ajustabilité sur le visage.

Le Tableau DGA (Producteurs – Résultats des tests) :

Il est téléchargeable sur :

https://www.entreprises.gouv.fr/covid-19/liste-des-tests-masques-de-protection

A mi-avril, il porte sur une centaine de test de types de masques (proposés par des industriels Fabricants – Confectionneurs de textiles techniques, habillements ; des groupements ; …). Une douzaine de types de masque sont homologués en catégorie 1, ré-utilisables.

On peut citer à titre d’exemple la société BOLDODUC, basée dans le Rhône, avec le masque Boldo’R (issu d’une opération « Confectionneurs solidaires » lancée dès le 17 mars).

A propos de la Note du 29 mars : le masque peut être à usage unique ou ré-utilisable (ré-utilisable comme mentionné dans la SPEC S76-001)

Les « demi-masques » FFP : ces masques (surtout FFP2/FFP3) sont plus « protecteurs », mais plus pénibles/difficiles à porter (et le moindre défaut d’ajustement sur le visage fait perdre en efficacité).

Exemple d’application et d’évolution

Pour le secteur de la construction, le Guide de préconisations de sécurité sanitaire pour la continuité des activités de la construction en période d’épidémie de coronavirus COVID-19 a été établi, en première version le 2 avril 2020.

Pour les activités de travaux, il est précisé que, « en cas d’impossibilité [de faire respecter la distance d’au moins 1 mètre], faire porter des lunettes et des masques de type chirurgical II-R, (possibilité d’utiliser des masques de protection supérieure type masque à cartouche ou masque à ventilation assistée) ».

Dans la version du Guide à jour au 10/04/2020 :

Le port du masque et des lunettes est obligatoire dans le cas d’un travail à moins d’un mètre d’une autre personne : port d’un masque de type à usage non-sanitaire de catégorie 1 (filtration supérieure ou égale à 90% – « masques individuels à usage des professionnels en contact avec le public » selon la note DGS/ DGE/DGT du 29 mars 2020), de type FFP1, de type chirurgical ou de protection supérieure.

La question des aérosols

La transmission du virus est avérée par « manuportage » (on porte ses doigts sur son visage, après avoir touché une surface ayant reçu une excrétion d’un malade) et par particules en proximité (de taille millimétrique, parcourant un ordre de grandeur d’un mètre ou 2) lors d’une toux ou éternuement d’un malade COVID.

Une hypothèse est que la transmission pourrait l’être aussi par aérosols (possiblement inférieurs au µm), générés lors des toux ou par la respiration normale.

Dans ce cas, les masques chirurgicaux ou équivalents (comme les masques barrière, dont l’efficacité est testée à 3 µm) ne sont pas protecteurs, et des distances bien supérieures à plusieurs mètres sont parcourues par le virus.

Ce mode de transmission demeure une hypothèse (ie Lettre de la NAS 01/04/2020 adressée au chef du Bureau de la politique scientifique et technologique de la Maison Blanche), basée sur un faisceau d’indices, avec des études parcellaires ou de petite échelle (exemple : mini étude publiée en Corée le 06/04/20 : Effectiveness of Surgical and Cotton Masks in Blocking SARS–CoV-2 : A Controlled Comparison in 4 Patients).

En outre, au-delà de la confirmation de la possibilité de cette transmission, il s’agira d’apprécier les aspects terme source / charge virale pour l’évaluation du risque transmission COVID et sa gestion.

NB : À ce jour en France [18/04/2020], selon les recommandations de l’INRS, aucune mesure spécifique n’est à prendre concernant la ventilation mécanique des bâtiments de travail

En guise de conclusion, pour la perspective du 11/05/2020 :

En attendant le « Plan complet » …

L’Etat s’est engagé à permettre à chaque français [pour sa vie privée] de se procurer un masque ; ceci peut créer une nouvelle habitude de vivre, et son articulation avec la vie en entreprise, aux postes, peut être à préparer (règles, communication explications…).

En entreprise encore (et parmi tant de sujets), la veille de gestion de crise peut notamment porter sur les problématiques d’approvisionnement ou nouveaux agréments de masques (et autres protections), les nouvelles informations sanitaires, etc.

Le masque – à bien choisir et bien utiliser – prend donc toute sa place, parmi un ensemble de mesures qui doivent être cohérentes.

pour éviter le risque d’Un Grand Carnaval !?

° ° ° ° ° ° ° ° ° °

Proposition de petit complément Culture & Humour : perspectives décalées

Voici quelques questions-photos, pour se détendre avec un peu de culture et d’humour, sur le thème de l’article.

A toute fin utile, à compléter, développer, pour du lien avec vos Collaborateurs et Collègues

Q > Reconnaissez-vous un costume de la Commedia dell’Arte, ou bien identifiez-vous des équipements de protection, en lien avec cet article ?

Bien réfléchir, et pour la réponse : cf https://www.nationalgeographic.fr/sciences/2020/03/pourquoi-les-medecins-de-la-peste-portaient-ils-ces-droles-de-masques

Q > Où est-on dans l’Histoire ?

Indice : on est ici bien décalé du « besoin des animaux de compagnie » pour une Attestation de déplacement dérogatoire

Q > Pourquoi bénéficie-t-on en région lyonnaise particulièrement de bonnes entreprises spécialisées en textiles techniques ?

Indice : la photo ci-jointe (nota : le Pangolin est un mammifère ; il ne pond pas d’oeuf)

Q > Que représente cette photo ?

a) la première chute normale d’un métier à tisser (après 19 secondes de rodage)

b) le résultat d’un métier à tisser vraiment mal réglé

c) autre

Indice : média filtrant